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23 janvier 2013

L'enfant le soir

 

 

 

Avancer à plusieurs

Souvent vers le labeur

Ordonné par les parents

 

Emporter ses fagotins d’ennui

Aller vers les pleins champs

De pierres comme pour la prière

 

Retrouver le nombre ensencé

Durant les moissons

Les charrées de paille sont

Longs à batir

 

Le soleil flagelle la peau

La soif est une horloge

Qui démantèle le jour

En sa victoire

 

Vaillance des  heures à traverser

Les terres de poussières

Jusqu’au crépuscule rouge

L’enfant le soir

A genoux dans une bassine

Vaut tout son pesant d’eau et d’or

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ses pieds nus noçant

Dans le jus des lessives

Il réinvente le soliloque des sources

Aperçoit sa mère

Dans son sablier blanc

 

Jamais il ne la reverra

Telle

Aussi vrai que le savon fondu

Redevient galet

 

De la voir si belle

Voudrait saisir

La mèche de cheveux

Qu’elle écarte de ses yeux

 

Voudrait renaître de sa chair

L’enfant boit encore

A la fontaine de ses gestes

Un silence sans lendemain


Paola Pigani

extrait du recueil Si je demeure

 

 

 

 

 

15:33 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

22 janvier 2013

Lyon perle de soie grise. Stanislas Rodanski

2012-12-21 13.33.52.jpg©paolapigani

15:20 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0)

21 janvier 2013

Dans la nuit naissante

 

 


Dans la nuit naissante, qu’avais-tu à nommer pour mieux partir ?

L’étrangeté de la terre sous la neige, ceux que tu as laissés, les jours sans suite ?

La ville parfois devenait désert, seuls les paraphes du vent t’étourdissaient

 

Chaque homme, chaque femme, chaque enfant immobiles dans leur feu intérieur

Attendaient l’heure, les verres étaient vides, le vin chantait dans tes yeux

L’oiseau sur la main tendue de l’arbre pesait encore comme une promesse

 

Ton royaume  s’ébauchait entre trois pétales d‘enfance et le germe d’un orage

Le figuier sur ta nuque versait son ombre, un chat, une pie jouaient de toi

Ne tremblait que l’ardente raison d’être dans tes distraites prières  au monde

 

Le mot source ne donnait pas d’eau à tes pieds ni le mot amour un baiser sur ta bouche

Tu ne craignais plus le temps ni les adieux sous les masques, les voix en allées

Au creux des roses, entre tes paumes, il y avait des passages où parler aux disparus.


 Paola Pigani

 


 

15:04 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0)

20 janvier 2013

Favola affidabile

 

 

 

 

Favola affidabile



Sempre e Mai sono  in una barca


Sempre cade in acqua


Mai non ha paura


e si immerge per unirsi

 

il corrente spinge la barca verso la riva


ormai posso  salire dentro

 

Con fiducia.


Frédérick Houdaer


Engeances.Editions La Passe du vent .

15:17 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : frédérick houdaer, la passe du vent

15 janvier 2013

Anima fragile

18:54 Écrit par Paola Pigani dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vasco rossi

14 janvier 2013

En quittant ce monde ancien

 

 

 

 

 

 

En quittant ce monde ancien

Nous oublierons les terres de cendre

Les visages et les voix emportés

Dans la lourde plainte du vent

Ceux qu’on a dit vaincus

Ceux qu’on a portés brisés

Aux clairières humaines

Marcheront devant nous

Nous, cœurs endurants jadis à genoux

Dans la boue, le regard vrillé aux feux d’hier

Aux crépuscules noueux

Nous, serrés contre leurs ombres

Fils de ceux-là aux corps entaillés

Aux poumons vidés muets et nus

Nos peaux vêtues d’un soleil trop lointain

Nous, cœurs endurants en marche vers un autre monde.


Paola Pigani

 

 

 

17:57 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : winfried veit

13 janvier 2013

Un corps pour un autre

17:55 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ilka schönbein

12 janvier 2013

Le vin

 

 

 

D’un regard il me fit plus belle
et je pris cette beauté pour moi.
Heureuse, j’avalai une étoile.

Il m’invente
telle mon reflet dans ses yeux.
Et je danse, danse
ailes déployées

La table est table, le vin est vin
dans un verre qui est verre
solidement posé sur la table.
Mais moi dans tout cela
je ne suis qu’une illusion
illusion sans limites
illusion jusqu’au sang.

Je lui parle de ce qu’il veut entendre:
des fourmis mourant d’amour
sous l’étoile du pissenlit.
Je lui jure que les roses
chantent quand elles ont bu du vin.

Je ris, je penche la tête
prudente comme si je faisais une expérimentation
et je danse, et danse
dans une peau étonnée d’être à moi
dans des bras qui me donnent forme.

Eve de la côte, Vénus de l’écume
Minerve du front de Jupiter
furent plus réelles que moi.

Quand il ne me regarde plus
je cherche mon reflet sur le mur
et ne voit qu’un clou
sans tableau.

Wislawa Szymborska

 

17:33 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : wislawa szymborska

08 janvier 2013

La fontaine aux cieux

 

 

 

La fontaine aux cieux

Nos voix quittaient nos bouches pour mourir à la source

L’écho d’alors nous venait de la fontaine des cieux

Un escalier de pierre pour y descendre à pas d’indiens

Une rampe rouillée pour y glisser à califourchon

Jusqu’au bord du vide

Dans ce trou d’ombre

Cerné de lichen et de salpêtre

Palpitait notre monstre

L’eau boueuse en hiver

Nous appelait vers le jeu

Plus vivement encore

La pointe des pieds touchant le péril d’eau

On regardait bouche bée

Naître un autre monde

Le nœud des eaux nous gagnait le ventre

 La caresse  froide de la vase léchait nos orteils

Une main agrippait  nos robes

Quand le garçon se décidait à pisser dans l’eau

La peur retombait

Les autres pouvaient lâcher leur cri

Courir rattraper un papier de carambar

De l’autre côté du pont

L’écho d’alors s’imposait comme la preuve d’un enfer vaincu

On pouvait donc aller plus loin

Rire à la gorge des rivières

Toujours plus loin

Le Son indolent, la Bonnieure

Attacher l’eau à nos chevilles

Marcher dans l’onde

Disparaître

Apparaître

La peur de l’eau nous couvrait de soleil

Sur les rives d’hier

Notre enfance en joncs et en prières

Pour ce qui est

Ce qui n’est plus

Ce qui sera

Les cailloux  jetés comme des obus

Le regard qui saute

Sur ce qui est  ce qui n’est plus

Sous les arbres

 

Serrés comme des cordes

 

La lumière peine

 

Mais donne ses fruits

 

À qui veut  bien les rendre

 

Eaux sourdes où vacillent les arbres témoins

Les jambes des petites filles

Leur corps en pilotis

L’eau  qui bat leurs chevilles

 Remonte au coton pauvre sur leur ventre

Elles avancent pourtant bravent l’au de là de l’eau

Qui détient la moitié de leur corps englouti

Les robes flottent à la surface

Comme des bannières d'Adieux

Le monde jette un froid entre la peau et le cœur.


Paola Pigani

11:40 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cellefrouin, le son, la bonnieure

07 janvier 2013

Mon oeil

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©paolapigani

11:47 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)