18 juin 2015
De Sisco à San Francisco
J'ai l’humanité qui meurt
et je meurs
je meurs encore
car nous avons plusieurs morts
peut-être même
sommes nous déjà morts
Je ne me livre ni ne me délivre
en silence je me voûte
suis-je matière
suis-je lumière
j'habite le mystère
l'univers
et le corps quantique
la vie et la mort
la mort et la vie
je sais
et pourtant
je suis révolté
au poing levé
se lie ma colère
et ma peine
et mes chaines
je voudrais être un caillou
ou un putain d'objet
une grue
ou une bécane
tiens, pourquoi pas une bonne bécane
qui a du couple
une cylindrée
au son qui gronde
et je l'enfourche la moto
et je me lance dans la ville
comme dans le vide
je l'enfourche la moto
et mon corps la voilà ma mort
la voilà
et je meurs
et je rêve que je vis
et je rêve que je vis
et je meurs
j'ai tout juste le temps de murmurer
mon nom
Béatrice Brérot
De Sisco à Sans Francisco . Editions L'atelier du Hanneton
21:34 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : béatrice brérot, l'atelier du hanneton, le syndicat des poètes qui vont mourir un jour
16 juin 2015
Camarades
©Gilbert Brun
Le poète
Il a beau plonger sa main dans les ténèbres,
sa main ne noircit jamais. Sa main
est imperméable à la nuit. Quand il s'en ira
(car tous s'en vont un jour), j'imagine qu'il restera
un très doux sourire en ce bas monde,
un sourire qui n'arrêtera pas de dire "oui" et encore "oui"
à tous les espoirs séculaires et démentis.
Yannis Ritsos
21:02 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gilbert brun, syndicat des poètes qui vont mourir un jour
15 juin 2015
D'une gare l'autre 5
©paolapigani
Il mange du chocolat blanc
sous la verrière
parle de date à fixer
pour la construction du bâti
du coût de la construction hors fluides
est d'accord pour qu'on oublie
le bénef sur les pizzas
et qu'on ait un meilleur espace de vente
avril est traite sur Paris
le chocolat fond dans la main droite
de l'homme tout en noir
tendu vers ses objectifs
un peu de rêve gâté entre les doigts
20:45 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gare de lyon
14 juin 2015
Pour le reflet d'un oiseau
C'est une chanson triste
qui reste collée au carreau
de la maison des fous
l'oiseau, la rivière, les galets
portent l’absence entre les murs
On ne sait ce qui se tait de la douleur
ou de la mémoire
C'est à lire, à voir
dans la langue de l'enfant
qui fait de grands signes d'oiseau aux siens.
Brigitte Baumié fait partie du syndicat des poètes qui vont mourir un jour. Elle interprète magnifiquement la langue des signes et donne une chance à tous les silences, à la poésie.
loin
la vie
laissée sur le pas de la porte
les fous sont assis sur les marches
comme des enfants
Brigitte Baumié Pour le reflet d'un oiseau Editions Color Gang
©paolapigani
13:27 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brigitte baumié, syndicat des poètes qui vont mourir un jour
13 juin 2015
Beau soleil sur nos caveaux futurs
©paolapigani
et vous
lisez-vous autre chose dans les musiques de ce temps
ah beau soleil de nos caveaux futurs
debout en sang et or
en immense fleur des morts
au bout de tous nos horizons
d’homme-blanc-cultivé-hétérosexuel
usés et massacrés
Jean Pérol A part et passager Editions de la Différence
13:42 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (2)
12 juin 2015
Amore
©paolapigani
08:31 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0)
11 juin 2015
Vivre
©paolapigani
08:31 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
01 juin 2015
Mordre la poussière du soir
rues brisées des bulldozers
à la verticale des quartiers
langage coléoptères des répondeurs
qui rendent fou au milieu des ténèbres
et palabres dans les cages d’escalier
araignées du matin jusqu’au soir
et s’embrassent dans les sous-sols
route des filles
battements de tambour du cœur
chemin de nuit en face
bruits de pas sur le gravier
mordre la poussière du soir
quand l’incendie au crépuscule
brûle leurs lèvres
Henri Brosse
22:35 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : henri brosse
30 mai 2015
Le métier de vivre 2
Avoir écrit quelque chose qui te laisse comme un fusil qui vient de tirer, encore ébranlé et brûlant, vidé de tout toi, où non seulement tu as déchargé tout ce que tu sais de toi-même mais ce que tu soupçonnes et supposes, et les sursauts, les fantômes, l'inconscient - avoir fait cela au prix d'une longue fatigue et d'une longue tension, avec une prudence faite de jours, de tremblements, de brusques découvertes et d'échecs, et en fixant toute sa vie sur ce point - s'apercevoir que tout cela est comme rien si un signe humain, un mot, une présence ne l'accueille pas, ne le réchauffe pas - et mourir de froid - parler dans le désert - être seul nuit et jour comme un mort.
Cesare Pavese Le métier de vivre
12:22 Écrit par Paola Pigani dans Des livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pavese
21 mai 2015
Sans titre
Ignorant quand l'aube viendra,
J'ouvre toutes les portes.
Emily Dickinson
21:42 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emily dickinson