04 septembre 2021
La chaise de Van Gogh dans la revue Europe
Un grand merci à Michel Ménaché pour son bel article
paru dans le dernier numéro de la revue Europe consacré à Monsieur Vialatte!
Quelques années après la mort de Lino, son père, Paola Pigani lui rend un hommage sensible, d’une grande délicatesse. La chaise de Lino, à l’abandon dans un hangar, lui rappelle aussitôt celle de Van Gogh peinte sur la toile représentant la chambre n° 5 de l’auberge d’Auvers-sur-Oise. Le rapprochement pourrait paraître insolite mais tant de signes de l’un font écho au parcours de l’autre, des ciels d’exil à la couleur des blés : « le rire est ta paille / il vient du soleil récolté, / ta litière où tu laisses la fatigue / des jours heureux. »
Originaire de Trieste, le jeune Lino combat aux côtés des partisans. Captif des Oustachis -mercenaires des nazis-, jusqu’à leur défaite, la misère et la tuberculose le conduisent d’abord au sanatorium. Plus tard, de Wallonie en Charente où il deviendra paysan-ferrailleur : « Aller par les champs pour Vincent. / Aller aux champs pour Lino. / […] Une force solaire vous soulève le cœur. » Pour payer ses dettes Lino, récupère le cuivre des chutes de câbles électriques. Il les rassemble en « fagots ». « Rouille et rebuts du temps perdu. / Ferrailleur orpailleur, tu es. » Alchimie à main nue, Lino sait « changer le cuivre en terre » ! La propriété des Cosses est ingrate mais l’ardeur au travail est partagée par toute la famille -de cinq enfants-. Il faut débarrasser la terre de son excédent résurgent de pierres : « On va aux cailloux. […] Il faudra retourner aux cailloux. » Le langage du père, « paysan-ferrailleur-rieur », est mimé. Connivence joyeuse : « Tes mains parlent. Tes mais se taisent. / Tu sers le rire. » Les Cosses, c’est encore l’exil à l’étroit : « Notre ailleurs tient tout entier / dans le noir des bois. » Quand Paola atteint l’âge de partir, Lino rafistole la poignée de la vieille valise : « Je suis la fille de mon père. » Et quand la vie de Lino, à empoigner chaque jour, « le courage de l’aube », s’achève, la ferme change de mains, vendue à des Anglais qui lui donnent les couleurs d’une résidence campagnarde. C’en est fini des Cosses, des cailloux, de la sueur et des rires ! Nostalgie et tendresse.
Comme Vincent, Lino est enseveli en terre de France : « Mourir en France. Vos baisers à la terre. / La vie plantée là, même à l’envers. » Reste la chaise vide. Et ce magnifique poème d’amour filial qui exprime si justement ce que du vivant de Lino, Paola Pigani n’aurait osé ou su lui dire : « Que suffise le ciel sur tant de douleur et de beauté. »
Paola Pigani : La chaise de Van Gogh
Editions La Boucherie littéraire
Michel MÉNACHÉ
21:15 Écrit par Paola Pigani dans La chaise de Van Gogh, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paola pigani : la chaise de van gogh editions la boucherie litt, revue europe, michel ménaché
Et ils dansaient le dimanche ici et là
France 3 région Rhône Alpes
https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-al...
Page des libraires
http://www.pagedeslibraires.fr/livre/et-ils-dansaient-le-...
Librairie Le genre Urbain à Paris
https://www.facebook.com/27375435681/posts/10159452673160...
08:42 Écrit par Paola Pigani dans Et ils dansaient le dimanche | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : et ils dansaient le dimanche, liana levi éditions, librairie le genre urbain, page des libraires, francis giroux, france 3 région rhône alpess
26 août 2021
Et ils dansaient le dimanche
Parution aujourd'hui !
Chroniques de vies humbles dans une cité ouvrière durant les années trente où combats intimes et collectifs se mêlent entre des femmes, des hommes qui brûlent de regagner la dignité de travailler et d'aimer la tête haute, retrouver souffle dans l'effort humain.
04:34 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Et ils dansaient le dimanche | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : et ils dansaient le dimanche, editions liana levi, cité ouvrière, front populaire, travailleurs étrangers, usine gillet
22 août 2021
Sur la route de Szonja
Erzebeth Simon Boske n'est pas l'héroïne de mon prochain roman " Et ils dansaient le dimanche" à paraître le 26 aout.
C'est Szonja, également hongroise qui en est le personnage principal. Cependant leurs deux visages se dédoublent entre beauté et inquiétude dans cette Europe fragile des années 30.
J'ai laissé la première à son rêve festonné de dentelles pour suivre le destin de Szonja, cousu de fil de soie artificielle au cœur d'une cité ouvrière de l'Est Lyonnais.
22:13 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Et ils dansaient le dimanche | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, et ils dansaient le dimanche, editions liana levi, erzebeth simon boske, miss europa, cité ouvrière
19 août 2021
L'infime
©paolapigani
"Bonheur de vivre à l'affût
d'être touché par l'infime"
Jacques Dupin
22:40 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : araignée, jacques dupin
13 août 2021
Vivo
12:11 Écrit par Paola Pigani dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andrea laszlo de simone, vivo
05 août 2021
orage
©paolapigani
Les rues comme nous sont devenues bleues
les passants presque invisibles
sont des traces de mouvements
et nuit sur nuit on voit dedans
Henri Meschonnic
11:53 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : henri meschonnic, orage, lyon, la fosse aux ours
21 juillet 2021
La Renouée aux oiseaux dans la revue Dissonances
11:49 Écrit par Paola Pigani dans La renouée aux oiseaux, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la boucherie litteraire éditions, revue dissonances, nicolas le golvan, la renouée aux oieaux
19 juillet 2021
La chaise de Van Gogh sur Terre à ciel
©roswhitaguillemin
Paola Pigani, La chaise de Van Gogh. La Boucherie littéraire, 2021
Avec ce beau recueil, Paola Pigani rend hommage à son père. Lui, qui a quitté l’Italie à l’âge de vingt ans pour rejoindre le maquis yougoslave, puis la Wallonie, qui a fait mille boulots, avant de finalement s’installer en Charentes pour cultiver la terre et élever des vaches, était de la caste des baraqui, ces immigrés italiens partis travailler en Belgique juste après la guerre.
La chaise de Van Gogh, que Paola Pigani a pu découvrir dans la chambre d’une auberge à Auvers-sur-Oise, où Vincent Van Gogh a vécu ses soixante-dix derniers jours, lui rappelle celle toute simple au dossier cassé sur laquelle son père s’asseyait le dimanche pour trier la ferraille, le cuivre.
Une chaise vide,
le temps immobile à quatre pattes.
Le parallèle entre Vincent Van Gogh et Lino, le père, revient de façon récurrente au cours du recueil. Vincent par les champs avec son pinceau, sa palette de couleurs ; Lino dans les champs avec sa faux, sa charrue, la bête, la herse.
À l’auberge d’Auvers-sur-Oise,
on a gardé la chaise de Vincent Van Gogh.
Passée l’ombre, tout reste vivant.
Lui les blés, toi les blés.
Lui le ciel, toi le ciel.
Lui l’alouette, toi l’alouette.
Lui la tristesse, et toi ?
Il aurait aimé tes colzas.
Il a peint les mangeurs de pommes de terre,
l’obscurité à pleines mains, la terre qui donne.
Parti d’Italie, Lino travailla dans les champs de Flandre, puis cumula divers boulots : jardinier dans un château près de Bruxelles, ferrailleur, orpailleur, vendeur de glaces, récupérateur de pièces de voitures, puis, finalement, agriculteur en Charentes.
À travers ce portrait, Paola Pigani se rappelle d’où elle vient, de ses racines italiennes, de ce père dont elle s’était éloignée plus tard pour vivre sa vie, qui avait tant bourlingué et tout fait avec ses mains. Elle se souvient de son rire, son écriture en fibrilles, sa chemise roulée jusqu’aux coudes, ses échappées rêveuses, ses silences, si rares qu’ils en étaient inquiétants, les photos en noir et blanc qu’il conservait dans son portefeuille, sa vieille deux-chevaux.
Elle se souvient de la ferme familiale en Charentes, des moissons, de l’herbe à arracher, L’orge, l’avoine, le maïs / Jambes nues au milieu.
Et de ce qui resta, après son départ : les arbres, les cosses de haricots blancs, les livres aux couvertures tachées, le costume de mariage, la liste du bétail avec le nom des vaches, la chaise vide.
Mourir en France.
Vos baisers à la terre.
La vie plantée là, même à l’envers.
Du froment, du maïs, du sorgho.
Les couleurs bien en chair pour que gagne la lumière.
Que suffise le ciel sur tant de douleur et de beauté.
Valérie Canat de Chisy sur le blog Terre à Ciel
10:16 Écrit par Paola Pigani dans La chaise de Van Gogh, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la chaise de van gogh, la boucherie litteraire éditions, valérie canat de chisy
05 juillet 2021
La chaise de Van Gogh
©paolapigani
Aujourd'hui, joie de lire cet article dans la revue Décharge
Et toute sa propre enfance, à cinq enfants, haute en couleurs et en travail dur et âpre, pour le père, en tant que travailleur immigré italien, rejeté dans des baraquements en Belgique, et traité de « macaroni ». Lino, pas loin du Ventura de L’aventure, c’est l’aventure. Rieur.
Les seaux raclent le ciment, / le camion du laitier réveille les murs. Paysan.
Tu dépèces, décarcasses des voitures, / frigos, machines à laver. / Maman met la salade à laver dans des hublots récupérés… Ferrailleur…
On est déjà à la limite du roman et de la poésie, mais c’est le parallèle avec Van Gogh, et l’exil d’un côté et le blé en commun de l’autre entre pinceau et charrue qui offre le rapprochement le plus flagrant et en particulier la chaise du tableau et celle sous un hangar qui lance le recueil.
Une chaise vide, / le temps immobile à quatre pattes. …
Comme la parabole artistique d’une vie de labeur, loin du pays d’origine. Une belle histoire d’amour, d’une famille et la métaphore parfaite entre l’art et la vie.
Parfois une bâche d’ensilage fait un bout de ciel noir / sur un arbre."
15 €. La Boucherie littéraire : 16 impasse du portail neuf – 84820 Visan.
Lire aussi, à propos de La Chaise de Van Gogh, la chronique du 5 juillet sur le site Libération.
21:19 Écrit par Paola Pigani dans La chaise de Van Gogh, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la chaise de van gogh, revue décharge, lundi poésie, liberation