23 juillet 2020
Des orties et des hommes dans la presse
Un grand merci à Franck Mannoni pour cet article
paru dans le dernier numéro ( juillet-aout 2020) du Matricule des anges.
LE RUDE PARCOURS D’UNE FAMILLE PAYSANNE DANS LES ANNÉES 1970.
quotidien dans la ferme familiale
en Charente. Avec ses
phrases, pleines de « on » et de mots mêlés,
elle regarde, fascinée, ces adultes travailleurs.
Pour elle, le moindre événement se
transforme en récit merveilleux. Dès les
premières pages, le style de ce récit bucolique
emmène le lecteur vers un monde
oublié. De manière très originale, le phrasé
de Pia changera, suivra son évolution vers
l’adolescence. Pour l’heure, il s’agit encore
de donner de l’importance aux petites
choses : « Ecouter derrière la fenêtre les
vaches meugler, la trayeuse dans l’étable,
écouter l’eau bouillir, le clapotis de la
polenta ». Les thèmes attendus de la saga
d’un clan et de la vie au grand air sont bien
là : la rudesse des travaux, la bonté des
habitants, l’injustice des intempéries…
Certains passages rappellent les leçons de
choses d’antan et les livres de lecture :
« Après le travail, on finit par laisser les
pierres en tas au bout du champ, sans regret.
Papa et Adamo viendront les chercher avec
la remorque ». Cet univers a quelque chose
d’immuable, que la modernité et la technologie
ne parviennent pas à perturber. Un
effet renforcé par l’histoire tragique de ces
fermiers immigrés italiens, dont les
premiers représentants arrivent en France
après la Seconde Guerre mondiale. Les
grands-parents sont là, avec la nonna, la
grand-mère, « qui lit la vie des saints au
bord des prés ». L’occasion de rendre un
hommage vibrant à cette langue italienne
amenée à se perdre de génération en génération.
Moins présente chez les parents, elle
s’efface chez les enfants : le français est
devenu la langue maternelle et, de ce point
de vue, leur intégration a réussi. Il ne reste
plus que quelques mots épars, qui viennent
colorer le propos : « porca miseria ! »
Pour s’élever socialement, il faut abandonner
une partie de ses racines, constate
Paola Pigani. L’écrivaine va toutefois au-delà
de ces considérations. Elle dresse un
véritable portrait sociologique des exploitants
agricoles. Au fil des années, le métier
est corseté par les avis d’experts. Les machines
améliorent la productivité, mais
imposent leur rythme de travail. Les progrès
sont réels, mais balayés par la sécheresse
de 1976 qui ravage les monocultures.
Les méthodes apprises par le fils Adamo au
lycée agricole atteignent leurs limites. La
révolte gronde et les syndicats réagissent,
comme les Paysans travailleurs de Bernard
Lambert. La vie aux champs se politise. Jamais
toutefois Paola Pigani ne se départit
de son fil narratif. Pia reste à la manoeuvre
et raconte ces bouleversements qui s’entrechoquent
avec ses préoccupations adolescentes.
La vie au pensionnat, les
allers-retours de la ville à la ferme scandent
ses semaines. Le tout dominé par une prise
de conscience : « Je voudrais qu’il y ait sur
nos chemins et jusqu’au ras des villes des orties
et des hommes qui s’agrippent à nos rêves
éboulés, au souvenir de nos terres travaillées,
de nos terres en jachère, de nos terres rêvées,
même sauvées d’une décharge ou d’une sécheresse
». Un appel émouvant qui invite à
la sauvegarde de l’histoire paysanne et incite
au respect de l’environnement.
Franck Mannoni
Des orties et des hommes, de Paola Pigani
Liana Levi, « Piccolo », 320 pages, 11 €
20:14 Écrit par Paola Pigani dans Des orties et des hommes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paola pigani, éditions liana levi, franck mannoni, le matricule des anges, des orties et des hommes
05 juillet 2020
Deux écrivains sur la paille
Quand un libraire bien intentionné met deux écrivains sur la paille...
©carlodeboisset
©laurentflechier
...cela donne de belles heures partagées au milieu des herbes folles et d'un public plus que présent.
Un grand merci à l'association La vague des livres, La librairie des marais et Bertrand Lamure .
23:07 Écrit par Paola Pigani dans Agenda, Des livres, Des orties et des hommes, La renouée aux oiseaux, Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : librairie des marais, la vague des livres, mohammed el amraoui, des orties et des hommes, la renouée aux oiseaux, éditions la boucherie litteraire, editions la passe du vent, editions liana levi, laurent flechier
01 juillet 2020
Prochaine rencontre à Villefranche sur Saône
L'association La Vague des livres, partenaire de ce week-end invite
Mohammed El Amraoui et Paola Pigani
Samedi 4 juillet
16 h: Sieste littéraire en compagnie de Paola Pigani
18h : Lecture croisée avec Paola Pigani et Mohammed El Amraoui
Ces deux auteurs dédicaceront au cours de l'après-midi leurs livres sur le stand de la Librairie des Marais.
Bienvenue à tous
Au Hangar 717 (717 rue de Thizy, Gleizé-Villefranche) dans le cadre de l'exposition "Autour du livre".
La librairie des Marais sera présente samedi 4 et dimanche 5 juillet
Une sélection de livres sera présentée à cette occasion.
09:43 Écrit par Paola Pigani dans Agenda, Des orties et des hommes, La renouée aux oiseaux, Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le coeur des mortels, indovina, des orties et des hommes, la passe du vent, paola pigani, mohammed el amraoui, librairie des marais, la vague des livres, le hangar 717, la renouée aux oiseaux, éditions la boucherie littéraire, éditions liana levi, villefranche sur saone
26 juin 2020
Des orties et des hommes dans la presse
Joie de lire cet article écrit par Mathias Enard paru dans Le monde des livres daté du 26 juin 2020.
Si nous n'avions lui et moi , qu'un seul point commun, ce serait notre Poitou-Charentes natal
qu'il évoque ici avec ses autres voyages en littérature :
https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/bes...
12:28 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Des orties et des hommes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : des orties et des hommes, mathias enard . le monde des livres
03 juin 2020
Des orties et des hommes en poche
A partir de demain , vous trouverez dans toute bonne librairie indépendante
Des orties et des hommes en version piccolo!
Et un bel article sur Baz 'Art le webzine 100/100 culture que je remercie vivement :
http://www.baz-art.org/archives/2020/04/28/38231755.html
«La prose de Paola Pigani est à elle seule un hommage à la sensibilité et à la finesse que lui ont léguées les territoires rugueux de son enfance.» Le Monde
«Un hommage tendre et poétique à l’enfance en Charente et au monde paysan finissant.» La Croix
06:54 Écrit par Paola Pigani dans Agenda, Des livres, Des orties et des hommes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : des orties et des hommes, paola pigani, editions liana levi, collection piccolo, baz'art
12 mai 2020
Qui que tu sois
Qui que tu sois: c'est le soir, tu quittes ta chambre, où tout t'est connu.
Ta maison est la dernière avant le lointain: qui que tu sois.
Tes yeux fatigués peinent à se détacher du seuil usé .
Tu soulèves lentement un arbre noir et tu le mets, élancé et solitaire, contre le ciel.
Et tu as créé le monde. Et le monde est grand, comme un mot qui mûrit encore dans le silence.
Et dès que ta volonté en saisit le sens,
Tes yeux s'en détachent avec douceur.
Rainer Maria Rilke, Dalla misura delle stelle, éditions Ponte alle grazie
Traduction inédite et gracieuse de Dominique Paravel que je remercie de tout coeur.
Traduction en italien de Giusi Drago.
15:51 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rainer maria rilke, dalla misura delle stelle, éditions ponte alle grazie, dominique paravel, giusi drago.
09 mai 2020
Donne toi à ce jour
"Parfois, j'ai l'impression que l'homme vit au bord d'un gouffre dans lequel se précipite le présent. Nous connaissons exactement le passé et nous nous en soucions en vain puisque nous ne pouvons plus le changer ; nous connaissons non moins exactement l'avenir et nous nous en soucions tout aussi en vain puisque nous sommes incapables de le deviner et de le modeler à notre guise. La seule chose que nous ne connaissons pas, c'est le présent : cet après-midi, l'heure même que nous vivons. Nous thésaurisons sur le passé, nous spéculons sur l'avenir, et nous gaspillons le présent si désespérément que nous prenons à peine conscience de fait que la vie, c'est le présent et uniquement le présent. Par exemple, nous prenons du thé et nous nous disons que c'est juste cela : un intermède entre ce qui a été et ce qui sera. Mais, en réalité, c'est cela même, la vie ; la vie n'est rien d'autre. Elle est sans gloire, sans éclat, pleine de déceptions - en fait elle n'est qu'une seule et longue déception ; nous sommes assis en permanence dans la salle d'attente à guetter un rapide qui ne vient pas. Mais cette lande pleine de bruyère, de sables et de maigres pins dont le soleil illumine les couronnes rouillés - quelle plus merveilleuse beauté que celle-là? Et toi, mon cœur stupide, ne pense pas en ce moment à cet homme qui t'aime trop, ou trop peu, c'est selon. Ne pense pas au manteau neuf, à la doublure de l'an dernier, et à la lettre qu'il faut absolument écrire au percepteur, ne pense qu'à cette lande. Penses-y totalement, embrasse-la à pleine bouche, regarde-la en oubliant tout le reste, ne sois ni triste, ni gai, ni heureux, ni plein de désir, car tout cela est absurde ; sois présent, donne-toi à ce jour, et pour l'amour du ciel, fais un effort, essaye de ne contempler que cette heure et d'en tirer tout ce qu'elle peut donner. Efforce-toi de briser cette chaîne du destin qui fait que les hommes ne voient sous les événements qu'incertitude, douleur, insatisfaction et attente. Sois ! Tout simplement. Personne ne te rendra ce que tu viens de laisser échapper de ta main, mais demain tu riras de la douleur d'aujourd'hui. Tu n'as jamais rien vécu que tu n'aies regardé, le lendemain, sous un éclairage tout autre et sous un autre encore, le surlendemain. Tu peux d'ores et déjà parier que tout ce qui te semble tellement capital ne l'est point. En prenant tes soucis pour des questions de vie et de mort, tu oublies, insouciant que tu es, l'heure présente : pourtant, c'est elle seule qui compte absolument, car elle est perdue à tout jamais, cette part irremplaçable de ta vie que tu as laissé détruire.
L'attente est mauvaise conseillère, 22 août 1926."
Milena Jesenska
10:44 Écrit par Paola Pigani dans Des livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : milena jesenska, frantz kafka
04 mai 2020
Une épave sans postérité
Bruto ! Ignores-tu que le poème a pour
vocation de se fondre au cœur des choses afin
de les éclairer ? Et que l’action révolutionnaire
établit les conditions matérielles de cette
lumière ? L’un sans l’autre, que sont-ils ?
Une épave sans mémoire !
Une épave sans postérité !
(...)
Nous aurons l’art des floraisons intempestives,
celui des passions convulsives, le geste
suave et impertinent de notre âge ardent,
la coquetterie des fées et la virulence des
esthètes au verbe caressant ; nous serons des
prophètes sans prophétie, car notre cœur est
gazeux, il répand ses douceurs dans tous les
bas-fonds de ce triste monde.
(...)
Et nous combattrons ainsi le discours
managérial appliqué à la floraison des êtres et
des choses.
Et nous aurons l’art des détours. Mais
nos détours n’auront pas la dégaine d’un
déjeuner sur l’herbe… Le risque serait trop
grand de se trouver à nouveau piégé par
cette navrante contemplation de nature verticale.
Car il n’y a d’éternité que baignant dans
les couches temporelles des saisons, dans le
bourgeonnement des passions et des choses (…)
L’art des dilutions, éditions Abrüpt
Pier Lampàs
11:21 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l’art des dilutions, éditions abrüpt, pier lampàs
27 avril 2020
Le commis de la poésie
Je n'étais pas fait pour ce cirque planétaire. Je suis las d'être le commis de la poésie avec pour toute récompense d'être enfermé dans le tombeau d'un livre. Mon cœur est un chapiteau usé, déchiré. Une montre à mon poignet déjà rongé par la vieillesse, un peu d'or à mon cou comme une pendule détraquée. Mais le ciel est imprévisible. Le plus grand penseur un jour ne veut plus penser, et c'est là que le ciel lui offre des pensées inattendues. Jambes croisées sur le tapis persan de la misère, il ne lui reste plus qu'à prendre son envol.
Jean-Marie Kerwich. Le livre errant. Mercure de France
06:52 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean- marie kerwich, le livre errant
18 avril 2020
Quand une éditrice n'oublie pas ses auteurs-trices...
et nous offre une vitrine rideaux levés pour exposer nos favoris...
Grazie mille
https://www.instagram.com/p/B-_xd7LqQyw/
10:04 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Des orties et des hommes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : editions liana levi, paola pigani